Un retour si calme

Llilian et Lounissart chevauchaient côte à côte, suivant la route qui serpentait le long de la rivière.

Ils avaient quittés leurs amis quelques jours auparavant, préférant faire le chemin de retour à cheval, prolongeant ainsi leur tête à tête.
Le soir, ils s'arrêtaient au hasard d'une auberge ou dormaient à la belle étoile, Oeil de Nuit veillant sur leur sommeil.

Le domaine de Llilian se rapprochait, encore quelques lieues et ils y seraient.

Bercée par le pas lent de son cheval, Llilian se laissait envahir par une douce rêverie.
De temps en temps, elle lançait un regard à Lounissart, ne se lassant pas de l'admirer.

Une série de cris et d'aboiements mit fin à cette quiétude.
Au loin, ils virent une troupe à cheval poursuivant une petite silhouette.
Celle-ci courait à perdre haleine, talonnée de prêt par la meute de chien.
La silhouette courait droit vers le domaine de Llilian.

La silhouette se rapprochait.
Llilian vit avec stupéfaction qu'il s'agissait d'un gamin d'une dizaine d'années.
Petit à petit, les chiens gagnaient du terrain, le gamin s'épuisait rapidement. Il ne tiendrait plus longtemps la distance.
Sans réfléchir, Llilian talonna son cheval.
Le désespoir se lut sur la figure du gamin quand il l'aperçut. Il était pris au piège.
Arrivée à sa hauteur elle lui dit :

Ne crains rien petit, je ne te veux pas de mal.

Oeil de Nuit bondit entre la gamin et les chiens, le poil hérissé.
Il mordit sauvagement un des chiens à sa portée, le faisant reculer et s'arrêter les autres. La peur ancestrale du loup refroidit leur élan.
Aboyant et grognant, les chiens se tinrent à distance respectueuse.

Lounissart, épée à la main, vint se mettre aux côtés de Llilian.

Comme elle hissait le tas de haillons tremblant devant elle, la troupe d'hommes à cheval s'arrêta à quelques mètres d'eux.
Celui qui semblait être le meneur s'approcha.

Rendez-nous le petit drôle

Serrant le gamin tremblant devant elle, Llilian dit

Je serais curieuse de savoir ce qu'il a fait pour que vous le traquiez avec vos chiens comme un animal.

Occupez-vous de vos affaires, ce vaurien braconnait sur mes terres, cela fait des jours que nous le traquons, maintenant que nous le tenons, nous allons lui faire passer l'envie de recommencer.

Un lapin ne vaut pas un tel traitement, le petit reste avec moi.

Llilian dirigea son cheval à proximité d'un chêne centenaire et aida le gamin à se hisser sur une branche.
Sortant son épée, elle prit place près de Lounissart.

J'en prend deux et je te laisse les trois autres.
Ils veulent combattre ! dit joyeusement Llilian

Llilian sourit à Lounissart, heureuse de l'avoir à ses côtés.

Dis Lounissart, tu ne nous sonnerais pas un peu du cor, histoire de donner un air festif à cette escarmouche.

Devant eux, la petite troupe les regardait, une certaine méfiance commençait à se lire dans leur regard, assurément ces deux voyageurs n'avaient pas toute leur tête pour les défier ainsi.

Comme Lounissart, heureux de lui faire plaisir, donnait quelques coups de cor, Llilian changea d'avis et remit son épée au fourreau.
Elle prit avec délectation sa grande hache d'arme, se dressa sur ses étriers et partit au grand galop.
Faisant tournoyer sa hache au-dessus de sa tête, elle fonçat dans le tas.
L'homme n'eut pas le temps de réagir, d'un coup, elle fendit son casque en deux. Le sang et la cervelle se mirent à gigler, tandis que l'homme tombait de sa selle.
Retournant dans la mêlée, elle se trouva une nouvelle victime, elle ententait les coups d'épées de Lounissart et les cris de douleurs.
Oeil de Nuit, participait à sa manière. Il avait mis les chiens en fuite et s'attaquait maintenant aux chevaux. Ceux-ci ne facilitaient pas la tâche à leurs cavaliers par leurs brusques écarts et leurs ruades.
D'un coup habile, Llilian trancha l'oreille d'un imprudent, évident avec facilité ses coups d'épées. Elle fit tournoyer sa hache, coupant et hachant à tout va. Elle prit son élan et d'un seul mouvement de bras parvint presque à décapiter son assaillant.
Llilian mit son cheval au pas et se mit un peu de côté pour admirer Lounissart qui terminait le dernier assaillant.

D'un pas tranquille, ils se dirigèrent vers le château.
Dès leur arrivée, Llilian veilla à ce que le petit prenne un bain, à diner et que l'on veilla sur son sommeil.

Llilian avait hâte que le repas soit fini pour se retrouver enfin seule avec Lounissart.
Elle se retrouva dans ses bras et vit avec plaisir qu'il se dirigeait vers leurs appartements.
La porte à peine refermée, Lounissart se mit à l'embrasser.

Llilian se remémora sa nuit de noce. Lounissart avait su par sa douceur et sa fougue enflammer ses sens.
La musique envoûtante de ses paroles douces résonnait encore à ses oreilles.

Une baignoire fumante les attendait dans un coin de la pièce.
Plein d'égards et d'attentions, Lounissart aida Llilian à enlever ses vêtements.
Ensemble, ils glissèrent dans l'eau parfumée.